Si depuis sa mention implicite dans l’article 4 de l’Accord de Paris la fréquence d’apparition du terme neutralité carbone dans les discours ne fait qu’augmenter, c’est qu’elle est décisive pour limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2°C.

Au-delà des nombreux articles et tribunes parus en 2018 sur le sujet de la neutralité carbone (Novethic, Libération, Actu-environnement, La Tribune, ou encore Les Echos), les rapports sur le sujet se sont multipliés en proposant à chaque fois des points de vue à des échelles différentes. Ainsi, l’IPSL s’attarde sur la question de sa signification au niveau planétaire, l’European Climate Foundation se focalise sur le territoire européen, l’IDDRI et l’Annales des Mines prennent avant tout l’exemple national quand EcoAct ou le CESE traitent des entreprises.

Retour sur quelques-uns des rapports qui ont marqué jusque-là l’année 2018.

En mai 2018, l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) se penche sur la signification et les implications du « zéro émissions nettes » à l’échelle mondiale. Cette note scientifique pose notamment un certain nombre de questions :

Comment différencier émissions-absorptions naturelles et anthropiques liées à l’usage des sols et aux forêts ?
Quel gaz et équivalent-CO₂ doit être pris pour atteindre l’équilibre des émissions-absorptions de GES ? Ce choix qui orientera les différentes contributions des secteurs économiques, et influera sur l’efficacité des politiques d’atténuation.
Compte tenu de la trajectoire actuelle de pic d’émissions de GES tardif des pays, l’équilibre ne serait pas suffisant pour limiter le réchauffement et une période d’émissions négatives deviendrait nécessaire, mais est-ce réalisable ?

En septembre 2018, l’European Climate Foundation et Climact publient « Net zero by 2050 : from whether to how ». Un document qui présente trois scénarios de trajectoires de réduction des émissions de GES pour les différents secteurs des pays membres de l’UE en vue d’atteindre la neutralité en 2050. Ses principaux constats sont :

Le besoin urgent de rehausser les ambitions des objectifs climatiques 2030 des pays membres ;
Le recours final à la compensation carbone, suite à la maximisation des réductions d’émissions de GES des secteurs, afin d’atteindre le statut d’émetteur négatif dans la deuxième moitié du XXI^ème siècle ;
L’existence d’une multitude de moyens pour décarboner notre économie, ce qui induit le besoin d’une définition claire de ce qu’est la transition vers un monde bas carbone pour chaque entité (pays, région, ville …) ;
La certitude de conserver le terme de neutralité carbone, malgré le fait qu’il ne s’agisse pas techniquement d’un « but en soi » (la neutralité n’étant qu’un point de passage vers un monde à émissions négatives). Ce concept a en effet le mérite de galvaniser tous les acteurs par sa symbolique de changement radical et profond dans le fonctionnement actuel de la société.

Également en septembre 2018, c’est l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI) qui propose sa lecture du concept de neutralité carbone. Le think tank souligne dans son étude:

Le besoin prioritaire et impératif de réduction drastique des émissions de GES tout comme la protection des puits de carbone existants ;
La remise en question, voire la mise en garde, d’une recherche excessive de compensation carbone pour des secteurs où les transformations vers la neutralité ne sont pas réellement difficiles. En effet, cette démarche occulterait l’objectif réel d’atteindre le résultat global de « puits net de carbone » afin de confiner le réchauffement bien en deçà de 2°C ; la neutralité n’étant qu’un point de passage requis au milieu du XXIème siècle ;
La nécessité de se replacer en tant qu’acteur appartenant à une échelle géographique parmi d’autres (pays, territoires, villes, entreprises…) qui, toutes ensembles, d’un seul bloc, visent la neutralité en 2050.

Enfin, toujours en Septembre 2018, c’est le Conseil économique social et environnemental (CESE) qui prend la parole au travers d’une enquête menée auprès des TPE et PME. Elle met en évidence à quel point ces plus petites structures sont démunies devant l’objectif de neutralité carbone, principalement par manque de temps et de compétences. Le CESE propose plusieurs axes de développement afin d’orienter les efforts de ces entreprises vers des actions cohérentes.

C’est également les entreprises qui sont visées par la note de décryptage d’EcoAct. On y retrouve les 3 actions essentielles pour naviguer vers la neutralité carbone : le suivi des émissions GES, leur réduction et séquestration et le recours possible aux compensations pour le financement de la transition au-delà de ses activités propres.

« Une pluie d’étoiles du Nord »

La plupart de ces travaux s’attardent davantage sur la définition de la neutralité carbone à une échelle territoriale. La maille d’une organisation est autrement plus complexe donc moins traitée.
Par son travail d‘élaboration d’une méthode à destination notamment des entreprises, Net Zero Initiative, ses entreprises partenaires et le consortium d’experts qui l’accompagne, doit permettre d’apporter clarification, exigence et crédibilité de l’objectif de neutralité carbone qui, comme le dit Laurence Tubiana, doit être « notre étoile du Nord ».

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